
Les premiers Hommes modernes en Europe
L'outillage solutréen
L'industrie solutréenne est très évoluée, et les spécialistes s'accordent à dire que c'est l'apogée de la taille du silex. Elle se caractérise plus particulièrement par l'apparition de feuilles de laurier et de feuilles de saule. Ce sont des lames, plutôt esthétiques, et finement retouchées sur les deux faces, au bord finement crénelé.
Les dimensions des feuilles de laurier peuvent être impressionnantes : de 23 à 35 cm de longueur pour 6 à 8,8 cm de largeur et seulement 6 à 8 mm d’épaisseur. Elles peuvent aussi être plus petites, certaines réduites à 3 cm de long seulement. Si ces dernières sont interprétées comme des pointes de projectile, les plus grandes sont considérées comme des lames de couteau, très utiles aux chasseurs pour dépecer et découper le gibier, alors composé principalement de rennes, chevaux, mammouths et chamois.


Feuilles de Saule, 20000-18000 av. J.-C. Grotte du placard. Conservées au musée d’Archéologie nationale de Saint-Germain-en-Laye.
Les hampes et les manches de ces armes, probablement réalisés dans des matières végétales, ne se sont pas conservés. À l’origine, leur fixation était assurée par des tendons ou des colles végétales comme la résine de pin.
Cette évolution technologique est permise par la maitrise de nouvelles techniques afin de faciliter le façonnage : le silex est préalablement chauffé, on effectue des enlèvements par pression avec percuteurs tendres (bois, os) plutôt que par percussion.
Feuilles de laurier en silex, de 6 cm à 10,2 cm de hauteur, Grotte du Placard, Charente, 20000-18000 av. J.-C. Conservées au musée d’Archéologie nationale de Saint-Germain-en-Laye.
De nouveaux outils sont aussi apparus : le propulseur (long bâton munie d'un crochet servant à démultiplier la force de lancement d’une sagaie), et l’aiguille à chas (grâce aux tendons, l'aiguille à chas servait à assembler les sacs, tentes et pièces de vêtement en peaux animales ainsi que la confection d'outres servant à transporter de l'eau, mais aussi par l'assemblage plus solide des peaux).


Aiguille à chas, entre 21 000 et 10 000 ans, abri de la Laugerie-Haute, Dordogne. Conservée au musée Dobrée de Nantes.
Photographie : Lucien Sultra