
Les premiers Hommes modernes en Europe
La taille de la pierre
Toutes les techniques de taille de la pierre sont bien sûr liées aux propriétés physiques de cette dernière. Ces méthodes sont liées à des besoins particuliers qui se évoluent avec le temps, et visent à produire des outils spécialisés, associés aux fonctions qui leurs correspondent. Il est toujours besoin d'un outil dur, capable d'entamer un matériau plus tendre. Des roches dures sont donc privilégiées. Mais elles doivent être fragiles, cassantes, pour pouvoir dans un premier temps, être taillables… et avoir la capacité de présenter un bord tranchant, ou une extrémité pointue etc. Composé de verre naturel, la silice, le silex est une roche qui se prête à merveille à la taille. Il est relativement abondant, et a donc été taillé en masse pour la période qui nous intéresse.
L'Homme du Paléolithique se montre en effet exigeant quant aux roches dans lesquelles il veut produire ses outils. Cette exigence va de pair avec l'apparition d'activités nouvelles — travail de l'os par rainurage, affûtage, du bois animal et végétal — et très spécialisées, demandant des instruments spécifiques et efficaces.

CI-CONTRE : de gauche à droite, un grattoir sur lame et un burin sur troncature, également fabriqué à partir d'une lame brute. L'outil se différencie d'un simple produit brut de débitage, éclat ou lame, par la présence d'une retouche. Cette retouche est un enlèvement de petits éclats modifiant la forme du produit de débitage en vue de l'adapter à une fonction particulière. Ici, le grattoir se caractérise par ce front en arc de cercle à l'extrémité de la lame, formé par une retouche abrupte. Le burin a été confectionné à partir d'une lame, tronquée, sur laquelle ont été portés les coups marqués par les flèches pour dégager des tranchants dont les angles très ouverts sont redoutables dans le travail du bois.

Feuilles de Saule, 20000-18000 av. J.-C. Grotte du placard. Conservées au musée d’Archéologie nationale de Saint-Germain-en-Laye.
Lames retouchées - [en ligne] http://paleo.revues.org
Lames et éclats bruts sont issus d'une opération dedébitage : ils ont été tirés d'un broc de matière première, le nucléus. Le Paléolithique supérieur voit une révolution dans les techniques de débitage. Les lames, terme qui désigne des éclats au moins deux fois plus longs que larges, sont un produit privilégié. Leur obtention nécéssite un bon savoir-faire et des schémas mentaux très élaborés : le bloc est géré dans son volume et non plus en surface, dans un souci d'économie de la matière première. Sur l'image ci-contre, un nucléus et un groupe de lames produites en série. Il est possible d'en tirer un grand nombre sur le même bloc de matière. Ces produits sont ensuite utilisés bruts, ou retouchés pour former des grattoirs, pointes, burins, couteaux etc. La réduction des outils au Paléolithique supérieur laisse penser à des outils, la plupart du temps, emmanchés et non plus tenus directement en main.

Une série de lames tirées d'un nucléus